Terminologie du droit au logement


Un droit opposable ?

Votre droit est, par définition, ce que vous pouvez opposer à qui vous en prive ou le conteste. La notion de droit opposable est donc un tel pléonasme que je me fais un devoir d’économiser votre temps en ne le démontrant pas plus longuement.

Mais on peut aussi se faire un devoir de souligner que la formule « droit au logement opposable« , officialisée depuis peu en France par les autorités, est une absurdité puisqu’elle annonce – à qui n’est pas complètement sourd à la justesse de sa propre langue – le droit de jouir d’un logement d’un certain type, le type « logement opposable » !

On voit que remédier à cette maladresse en rapprochant l’épithète opposable du mot droit qu’il qualifie ne ferait toutefois pas beaucoup mieux : disposer d’un « droit opposable au logement » évoque maintenant le droit de s’oppose au logement…

La solution naturelle, amis législateurs et communicants, est de ne pas s’adonner au pléonasme et d’appeler clairement et simplement ce droit vital droit au logement.

Une autre solution, si l’on tient à lui accoler l’adjectif opposable, c’est de ne pas perdre de vue l’opposition dont il est question, et de la dire plutôt que de dire l’inverse : c’est un droit opposable à la privation de logement. Pas opposable au logement !

Cette reformulation est sans ambiguïté ni maladresse, et le pléonasme s’amenuise avec elle. Car il s’agit maintenant d’un droit (celui de se loger) dont on souligne un corolaire perdu de vue (nul n’est tenu de renoncer par la force des choses à disposer de son propre logement), sans se tromper de complément.

Paris • Lexicographie et photographie : Frédéric Allinne • FA #